Un ciel illuminé pour rendre hommage aux victimes de l’attentat de Polytechnique Montréal

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Par Mira Rivest-Trudel

Le 6 décembre, pour la 8e année consécutive, 14 faisceaux lumineux brilleront dans le ciel de Montréal afin de rendre hommage aux victimes de lattentat antiféministe ayant eu lieu à Polytechnique Montréal, il y a 32 ans.

La cérémonie sera diffusée en direct sur les pages Facebook, LinkedIn, Twitter et sur le compte YouTube de luniversité dingénierie. Le public est invité à observer une minute de silence à 17h10, heure à laquelle les premiers coups de feu ont été tirés le jour de la tragédie. Le nom de chacune des 14 jeunes femmes assassinées lors de lattentat sera prononcé lors de cette cérémonie commémorative, afin de garder vivante leur mémoire et de leur rendre hommage. La commémoration se déroulera entièrement en ligne en raison de la pandémie.

Un après-midi qui s’annonçait comme tous les autres

Lors dune fin daprès-midi qui devait être semblable à toutes les autres, le 6 décembre 1989, un homme entre à Polytechnique armé dun fusil. En lespace dune vingtaine de minutes, il tue 14 jeunes femmes et blesse 13 personnes sur son passage, avant de retourner son arme contre lui-même. Dans sa note de suicide, les reproches et la haine fusent envers les femmes, dont de nombreuses personnalités publiques féminines quil dépeint comme étant des « féministes radicales ». Le tireur y accuse celles qui, selon lui, cherchent à « conserver les avantages des femmes […] tout en saccaparant ceux des hommes », notamment par le fait quelles se destinent à une carrière dingénieure, un métier traditionnellement masculin.

Une tragédie qui a bouleversé le Québec

Daprès Francine Pelletier, chroniqueuse au Devoir et lune des cibles de la rage du tireur dans sa note de suicide, l’émancipation des femmes dans la société québécoise des années 80 avait été, jusqu’à cet événement tragique, tenue pour acquise. « Nous avions eu beaucoup de facilité et nous avons confondu cette facilité avec le fait que tout le monde était de notre côté, en quelque sorte, affirme la journaliste en entrevue à Radio-Canada, le 6 décembre 2019. Nous navions pas vu tout le ressentiment que cela avait pu créer. »

Mme Pelletier est davis que les classes politique et médiatique ont tardé à admettre que ce crime visait spécifiquement les femmes, et en particulier, celles que le tireur estimait féministes. « Je pense quil y avait une grande résistance à dire que même si nous avions fait du Québec lendroit le plus progressiste au Canada, le massacre de Polytechnique pouvait se produire ici, dit la journaliste. […] Et malheureusement, cela aura pris toutes ces années. »

De lespoir

Lanniversaire de la tragédie de Polytechnique Montréal résonne de façon toujours aussi douloureuse aujourdhui, alors quau moins 18 féminicides ont été commis au Québec depuis le début de l’année. Mais les organisateurs des activités de commémoration des victimes de Polytechnique souhaitent aussi, en rendant hommage aux 14 jeunes femmes tuées le 6 décembre 1989, poser « un regard sur lavenir », tel qu’expliqué sur leur site web.

La volonté de Polytechnique d’inciter des femmes de tous horizons à se tailler une place dans le domaine des sciences et du génie, et de faire tomber les stéréotypes sexistes auxquels elles peuvent être confrontées, se traduit par de multiples initiatives annuelles.

Parmi celles-ci, il y a la Semaine de la rose blanche, instaurée en 2014, une campagne de financement ayant permis à des milliers de jeunes filles de se découvrir un intérêt et un talent pour les sciences et le génie, par le biais de participation à des activités à caractère scientifique. Ou encore, la création de lOrdre de la rose blanche, une bourse de 30 000 $ attribuée à une étudiante canadienne en génie qui se dirige vers des études aux cycles supérieurs dans ce domaine.

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