Par Jean-Louis Aubut
Gaël Faye, Petit pays,
Éditions Grasset, Paris, 2016, 217 pages.
Lorsque Gaël Faye romance Petit pays, c’est du Burundi qu’il parle. Gaby passe son enfance à Bujumbura dans une fabuleuse impasse où il fait les quatre cents coups avec ses copains Gino, Armand et les jumeaux.
« L’impasse était un cul-de-sac de deux cents mètres, une piste de terre et de cailloux avec, en son centre, des avocatiers et des grevilleas qui créaient naturellement une route à deux voies. Des brèches dans les clôtures de bougainvilliers permettaient de discerner d’élégantes maisons au milieu des jardins plantés d’arbres fruitiers et de palmiers. Les plans de citronnelle bordant les caniveaux dégageaient un doux parfum qui éloignait les moustiques. »
C’est dans l’une de ces maisons de l’impasse que vit Gaby avec ses parents et sa sœur Ana. Son père est français et sa mère, rwandaise tutsie. Malheureusement, son enfance bascule et tourne au cauchemar lorsque sa famille se disloque. Dans les mois suivant juin 1993, le conflit hutu tutsi déstabilise le Burundi et mène à une guerre ethnique. Sa mère revient de Kigali en rapportant une terrible nouvelle. Depuis, elle est dévastée. « Le génocide, écrit l’auteur, est une marée noire, ceux qui ne se sont pas noyés sont mazoutés à vie. » L’enfance a ses odeurs.