Par Marie Yanick Dutelly
Première rencontre, le choc
Visages rapprochés…
Beau promis ténébreux
Puceau embarrassé
Dans ton manteau ouaté
Brodé d’étincelante lumière
Frileux, emmitouflé
À grandes enjambées
Tu veux presser le pas
Moi, timide, effrayée
Communiante innocente
Conduite tremblotante
À l’autel des froideurs
Haletante, mes bottes engluées
Dans cette laine immense
Je trotte pour attraper le bus
Second croisement de regards
Plutôt un rendez-vous
Nous faisons connaissance
Tu dévoiles déjà
Ce que je pressentais
Sous tes paupières mi-closes
Les bourgeons turgescents
Transpercent la cape grise
Le blanc cède sa place
À mille boutons verts
En quête de chaleur
Enfin, on te libère
Toi contre ton gré
Et pendant de longs mois
Malgré les éclaircies
Retenu prisonnier
Troisième rencard
Déjà, nous sommes fiancés
Tu danses rumba, salsa,
Samba, Soukous, konpa
Baladi, Bikutsi…
Mes jupons virevoltent
Au gré des tempos fous
Scandant la canicule
Je tourne dans tes bras
Le Mont-Royal en transes
Nous ouvre grand ses portes
Aucune inhibition
Toi et moi enlacés
Balancements, Déhanchements
Au rythme des tambours
De tes fils des ailleurs
Aujourd’hui je contemple
À tes pieds étalé
Le tapis bigarré
D’orange, d’ambre et d’or
Des feuilles qui frissonnent
Avant que de tomber
Ton bras serre le mien
Je m’y accroche, heureuse
Sereins, déambulons
Dans tes rues colorées
Nos pas vont enfin l’amble
Mes yeux cherchent les tiens
Amante rassurée
Encore et à jamais éprise
J’avoue en t’embrassant
Ville de glace, je t’aime
Quel beau texte poétique, Marie Yanick!
Merci, Monsieur Maltais. Venant de vous, une telle appréciation m’honore.