Par Maurine Marc
Le Mile-End est un quartier en pleine effervescence. Les boutiques branchées, les bars allumés et les cafés cosy forment un parfait cocktail happy hour. C’est à l’heure actuelle l’environnement recherché par plusieurs entreprises oeuvrant dans le milieu de la production télévisuelle et du divertissement du jeu.
L’intérêt pour cette ambiance de quartier a fait de la rue De Gaspé le secteur de prédilection pour une nouvelle génération d’entreprises. Avec les loyers en augmentation et les taxes foncières qui suivent ; les artistes indépendants établis, bien avant ce tumulte, se voient désormais montrer la porte.
Michel Lefebvre de l’agence Topo travaille au Pôle de Gaspé, appellation non-officielle pour désigner les bâtiments jumeaux de l’Avenue de Gaspé. Son adjointe, Gabrielle Lajoie Bergeron, et lui, maintiennent à eux deux l’atelier créatif TOPO, une agence de production numérique à but non lucratif. Ils voient dans la mutation du quartier Mile-End un avenir incertain quant à l’occupation à long terme dans leur local 608 du 5445 de l’Avenue de Gaspé.
(Durée du reportage : 2:18)
Depuis un certain temps, les anciens immeubles manufacturiers de l’avenue ont adopté une nouvelle identité et une nouvelle vocation. Ces édifices ont subi une transformation digne de Philippe Starck et arborent maintenant un design innovateur. Il s’agit d’un énorme potentiel en termes d’espaces à louer, tout pour plaire! Ces nouvelles superficies commerciales déservent de plus en plus une clientèle d’entreprise aisée en provenance du milieu de la production et du domaine du divertissement.
Aujourd’hui, ces immeubles abritent un grand nombre d’ateliers et d’agences créatifs. On y retrouve notamment une quantité de jeunes entreprises de type startups qui baignent dans le domaine du numérique, des communications et du divertissement. Avec ce tel engouement, une opportunité d’affaires s’est présentée laissant place à un développement économique exponentiel et à une explosion du coût locatif des locaux et des espaces de bureau.
Dès lors, beaucoup d’organismes à but lucratif et d’artistes indépendants ont dû quitter les établissements, faute de moyens de se payer les locaux. C’est le contrecoup ressenti à la suite de la cure de rajeunissement réalisée par les nouveaux propriétaires immobiliers, mais aussi à cause du grand enthousiasme de la ville à accueillir de nouveaux investisseurs.
En vue d’éviter une expropriation des artisans vulnérables, un lobby d’artistes s’est formé pour créer le regroupement Pied Carré. Ce groupe d’artistes fonde leur espoir sur une éventuelle politique culturelle, leur permettant de conserver leurs locaux et de survivre à l’embourgeoisement commercial.
Néanmoins, le quartier du Mile-End gagne en popularité par sa renommée de sorte qu’on le reconnaît comme étant le secteur de prédilection de création et de production artistique. Et pourtant, ces mêmes espaces se vident graduellement de ses artisans indépendants n’arrivant plus à payer leur loyer. Un secteur idéal, mais à quel prix?
En tant que jeune professionnelle, Gabrielle Lavoie Bergeron déplore la situation des centres d’artistes qui n’ont plus de budget pour accueillir les expositions car elle risque de ne plus pouvoir exposer.
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