Par Alexis Lapointe

Éditorialiste à la section internationale au Devoir, Guy Taillefer voit des horizons qui vont plus que jamais au-delà des frontières géographiques pour le journalisme. Cinq années en Inde et deux autres au Mexique, le travail à l’étranger jalonne sa feuille de route.

Le Reporter + a recueilli ses propos au sujet du journalisme lors d’une conférence à l’Université de Montréal, dans le contexte du cours d’Atelier de presse écrite. Comme en attestent les échanges enthousiastes avec la classe, la vision de l’éditorialiste rejoint bien les aspirations des journalistes de demain.

« Il y a un effet de boom, affirme M. Taillefer. Avec Internet, les jeunes générations consultent des médias de partout et s’intéressent davantage à ce qui se passe dans le monde. » Selon l’éditorialiste, la connaissance de plusieurs langues par un nombre croissant de milléniaux expliquerait aussi cette tendance. « En journalisme, on est souvent un peu prisonniers de notre géographie, note-t-il. Aujourd’hui, on assiste à un mouvement de diversification. »

Nouvelles exigences

Une lame de fond qui prend plusieurs formes et à laquelle les médias commencent à s’ajuster en renouvelant leurs échanges internationaux. « Traditionnellement, nous entretenons principalement des collaborations avec la presse française et celle des États-Unis, explique-t-il. Si ce n’est que pour faire front devant les géants comme Google ou Facebook, les médias doivent multiplier les partenariats. »

Guy Tailler à Rio de Janeiro, au Brésil

Par ailleurs, M. Taillefer estime que le multilinguisme et l’intérêt pour différentes cultures figurent parmi les aptitudes les plus importantes pour les journalistes de la relève. « Il y a de nouvelles compétences qui s’affirment et de nouvelles exigences des médias, indique l’éditorialiste. Les journalistes doivent être davantage capables de polyvalence, de travail multiplateforme. »

Rigueur du décodage

Cette évolution pourrait être de bon augure pour le journalisme international, croit M. Taillefer. « À l’étranger, on cherche à bien comprendre les dynamiques du pays d’accueil, dit-il. On est plus libres et en même temps on doit augmenter sa vigilance lorsqu’on transmet l’information.

L’éditorialiste raconte qu’en Inde, l’immersion impliquait de nombreux défis. « Il y a un enracinement organique et certains murs qu’il peut être difficile de franchir, note celui qui se passionne pour ce pays. La religion a beaucoup d’importance, il s’agit d’un monde très familial et communautaire. » Le séjour de M. Taillefer en Inde s’est fait entre 2009 et 2014. Grâce à une entente avec Le Devoir, il publiait une centaine de textes par année dans les pages du quotidien. Cette expérience constitue le sujet du livre L’Inde dans tous ses états, qu’il a fait paraître à son retour en 2015.

Pour M. Taillefer, la rigueur du décodage distingue le journalisme des récits de voyage. D’ailleurs, le journaliste de métier affirme qu’il serait prêt à refaire ses bagages. « Le Brésil m’attire beaucoup, confie-t-il. Comme l’Inde, il s’agit d’une puissance en voie d’émergence. »

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