Rue Duplessis. Ma petite noirceur

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Caroline Dawson m’a conduite vers ce livre. Ou plutôt la lecture du son roman, Là où je me terre ¹, qui m’a insufflé le souhait d’en apprendre davantage sur les personnes qui font l’expérience de passer d’une classe sociale à une autre.

Le nom de Jean-Philippe Pleau revenait constamment. Puis, lors d’une visite en librairie au printemps dernier, j’ai reconnu son livre : Rue Duplessis. Ma petite noirceur.² 

Malgré une page couverture peu attrayante, j’ai été intriguée par le résumé en quatrième de couverture et par cette phrase : « Il est aujourd’hui étranger au monde d’où il vient, sans vraiment appartenir à celui dans lequel il a abouti »³ . De quoi attirer mon attention, étant moi-même familière avec ce ressenti.

Jean-Philippe Pleau est sociologue de formation et animateur radio à l’émission
« Réfléchir à voix haute » sur les ondes de Radio-Canada. Dans son roman, il parle de ses origines. Fils d’un père analphabète et d’une mère à peine scolarisée, il a grandi à Drummondville. Le récit de son enfance dans un milieu modeste et empli de peurs alterne avec celui du chemin qu’il a parcouru pour devenir sociologue. Cette traversée, il l’a expérimentée comme une immigration intérieure ⁴. Il a vécu ce qu’est être un transfuge de classe ⁵. Après avoir ressenti la honte de ses origines (« sa petite noirceur ») et quelques années de thérapie plus tard, il raconte ses vicissitudes avec un regard empreint d’humanité, de réalisme et surtout d’amour envers ses parents.

Sa langue est vivante, réfléchie, expressive, bien de chez nous. Dans ses propos sur les inégalités sociales et la discrimination qui en résulte, beaucoup peuvent se reconnaître. Je fais référence ici à celles et ceux qui subissent ces inégalités et cette discrimination dans notre société (qui, j’espère, liront ce livre). Mais je pense également à des étudiants universitaires de première génération (comme moi). C’est un livre qui réconcilie, qui démontre que notre histoire personnelle n’est pas une fatalité et qu’il est possible de la réécrire – non sans une bonne dose de courage et d’efforts – lorsque notre cœur nous presse à emprunter un chemin différent.

À découvrir ! 

¹ Dawson Caroline, Là où je me terre, Éditions du remue-ménage, 2020
² Pleau Jean-Philippe, Rue Duplessis. Ma petite noirceur, Lux Éditeur, 2024
³ Idem, 4e de couverture.
⁴ Pleau Jean-Philippe, Rue Duplessis. Ma petite noirceur, Lux Éditeur, 2024, p. 71 : « Je me revois sympathisant avec le propriétaire du restaurant; lui, l’immigrant venu de l’extérieur, moi, l’immigrant de l’intérieur. Il avait voyagé d’un pays à l’autre; moi, d’une classe sociale à l’autre. »
⁵ Idem, p. 193 : « Les transfuges choisissent de fuir et de se réinventer contre leur milieu d’origine (peu importe lequel). On dit des parcours des transfuges qu’ils sont complétés lorsqu’il y a retour. Retourner ne veut pas dire ici réembrasser les mœurs et les coutumes de la culture qu’ils ont choisi de quitter, mais reconnecter avec l’amour familial ou amical de leur enfance comme valeur refuge. »

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