Au Québec, un médecin est rémunéré 5 fois moins pour la pose d’un stérilet que pour une vasectomie, 2 procédures pourtant comparables d’un point de vue médical. Cette troublante disparité est loin d’être un cas isolé selon une étude publiée en septembre dernier.
Les tarifs de nombreux actes médicaux effectués sur les femmes, y apprend-on, sont considérablement moins élevés que ceux d’actes équivalents réalisés sur les hommes. Cette étude, commandée par l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec (AOGQ), rapporte plus précisément des écarts variant de 33% à 218%, qu’aucun argumentaire médical ne peut justifier.
Si les inégalités mises en lumière par l’AOGQ peuvent choquer, elles ne devraient pas nous surprendre dans un contexte où le sexisme dans le milieu de la santé est déjà largement documenté. On n’a qu’à penser au fait que la majorité des recherches médicales ont historiquement été menées auprès d’hommes, de sorte que les symptômes et conditions propres aux femmes demeurent moins connus des professionnels de la santé. Ou encore au fait que les douleurs exprimées par les femmes sont souvent jugées « exagérées » et prises peu au sérieux, si bien que celles-ci mettent plus de temps à obtenir un diagnostic et se voient prescrire moins de médicaments. Sans oublier la multiplication des témoignages de violences obstétriques et gynécologiques, incluant les stérilisations forcées subies par des femmes autochtones au Québec jusqu’en 2019.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a entamé en 2022 un
« exercice d’équité » visant à revoir la valeur relative des actes médicaux, dont les résultats sont attendus en 2025. La FMSQ promet de se pencher sur la question des iniquités de genre et d’apporter les ajustements nécessaires au besoin.
Si un tel exercice, en supposant qu’il soit réalisé de bonne foi, constitue un pas dans la bonne direction, des efforts supplémentaires à l’échelle sociétale seront nécessaires pour venir à bout du sexisme médical. Pour que la recherche prenne en compte les spécificités du corps féminin, que nos douleurs soient traitées avec le sérieux qu’elles méritent et que l’autonomie reproductive de toutes les femmes soit pleinement reconnue et respectée. Et pour qu’enfin, la santé des femmes vaille autant que celle des hommes.
Rédigé dans le cadre du cours RED2201 – Écriture et médias
Remis le 28 octobre 2024
Bibliographie
HÉLOÏSE ARCHAMBAULT (2024). « Beaucoup plus payant de soigner des hommes que des femmes » dans Le Journal de Montréal (24 septembre). En ligne https://www.journaldemontreal.com/2024/09/24/beaucoup-plus-payant-de-soigner-des-hommes-que-des-femmes
JEAN-BENOÎT LEGAULT (2024). « Étude : des actes médicaux chez la femme moins bien rémunérés que l’équivalent chez l’homme » dans La Presse (24 septembre). En ligne https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2024-09-24/etude/des-actes-medicaux-chez-la-femme-moins-bien-remuneres-que-l-equivalent-chez-l-homme.php
SUZY BASILE et Patricia Bouchard (2022). « Consentement libre et éclairé et les stérilisations imposées de femmes des Premières nations et Inuit au Québec » dans Bibliothèque Co-Savoir (novembre). En ligne https://biblio.co-savoir.ca/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=229105
ZAWN VILLINES (2021). « Gender Bias in Healthcare » dans Medical News Today (25 octobre). En ligne https://www.medicalnewstoday.com/articles/gender-bias-in-healthcare