Par Vickie Morin
Il n’y a toujours aucune entente entre le gouvernement du Canada et les géants du Web Meta (Facebook) et Google concernant la loi sur les nouvelles en ligne qui entrera en vigueur le 19 décembre 2023. Avec cette loi, le gouvernement veut une solution pour financer à long terme les médias d’information canadiens puisque leur survie est menacée par la chute de leurs revenus publicitaires. Depuis 2008, plus de 450 médias d’information ont dû fermer, selon Patrimoine Canada.
« Depuis 5 ans, c’est à peu près 77 % des revenus publicitaires numériques qui sont accaparés par ces 2 géants (Meta et Google) », explique Jean-Hugues Roy, professeur à l’école des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Selon l’enseignant, la loi sur les nouvelles en ligne obligerait alors les géants du Web, Google et Meta, à payer environ 234 M $ par an au secteur des médias du Canada pour continuer le partage des articles de nouvelles. Il estime la part de Google à 172 M$ et celle de Meta à 62 M $.
Réaction ferme des géants
Pour éviter de se soumettre à cette loi, Meta bloque tous les contenus d’actualité sur ses réseaux sociaux au Canada depuis le 1er août 2023.
Pour sa part, Google avait proposé de financer un fonds indépendant destiné au journalisme. Le 18 octobre, la ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, disait envisager la possibilité que le gouvernement fédéral acquiesce à la proposition de Google, mais rien n’a été conclu. Google continue donc de brandir la possibilité de boycotter la presse canadienne de ses moteurs de recherche s’il n’obtient pas d’accord satisfaisant d’ici le 19 décembre.
Sources de revenus incertaines
Les abonnements du public peuvent être une source additionnelle de revenus pour les médias d’information, mais en 2023, « ce n’est plus que 11 % des Canadiens et des Canadiennes qui sont prêts à payer pour s’informer », indique Jean-Hugues Roy, d’après les données du Digital News Report. Il s’agit d’une diminution de 4 % par rapport à 2022.
Les médias canadiens ne savent toujours pas si les crédits d’impôt des différents paliers gouvernementaux qui permettent de payer une partie des salaires des journalistes seront reconduits en 2024. Selon Jean-Hugues Roy, ce financement couvrirait près de la moitié de ces salaires.
On ne sait donc pour l’instant si la stratégie du Canada aura un impact favorable ou non pour les médias. Il sera nécessaire de surveiller dans les prochaines semaines ou mois si le Canada reculera devant Google et Meta, ou si une entente finira par se conclure.