Vanessa Limoges détient un baccalauréat ès arts de l’UQAM. Après sa rencontre déterminante avec la journaliste Marie Joëlle Parent, déléguée à New York au sein de l’entreprise Québecor, Vanessa est piquée de curiosité par le métier de journalisme. Elle s’inscrit au certificat en journalisme de l’UdeM et travaille à la radio CIBL 101,5 Montréal. « En suivant ces cours-là, j’étais heureuse comme un poisson dans l’eau », dit Vanessa. Dès lors, ces événements l’ont guidée vers le choix du métier de journalisme.
Par Jean-Louis Aubut
Quelles sont les qualités requises d’une journaliste pour bien informer le public ?
Il y en a beaucoup et même certaines auxquelles je n’avais pas pensé. À la base de l’information, l’entrevue prime. Mettre les gens à l’aise, être capable de se transformer en caméléon dans certaines situations pour vous adapter aux gens que vous êtes en train d’interviewer pour essayer de tirer le maximum de son entrevue reste le meilleur moyen de produire un bon article. Je ne pensais pas que la sociabilité était importante, mais en fin de compte c’est la première qualité que vous devez développer et garder. Parlons maintenant de curiosité, de curiosité maladive me direz-vous ? Oui.
J’ai toujours ressenti ce besoin d’apprendre et surtout d’informer le public. J’ai l’impression que je ne serai jamais rassasiée. Être journaliste, c’est vous asseoir tous les matins sur les bancs d’école ; vous avez un sujet que vous connaissez à peine, puis il faut que vous alliez je ne sais pas trop où, poser des questions à je ne sais pas trop qui sur ce sujet-là. Et vous n’avez pas le choix d’apprendre et d’agir rapidement. En exemple : on vous donne un sujet que vous ne connaissez pas. De là, vous devez être capable de le prendre, de vous l’approprier, de partir, puis d’aller poser les bonnes questions et tout ça rapidement parce qu’aujourd’hui le métier de journaliste est associé au mot rapidité. Il faut être comme les chats : retomber sur nos quatre pattes lorsqu’ils sont forcés de sauter du deuxième étage. De plus en plus, les nouveaux médias nous forcent à augmenter la cadence de productivité pour produire la nouvelle et la mettre en ligne.
Qu’en est-il de l’objectivité ?
L’objectivité n’existe pas. Mais essayer d’être le plus objectif possible n’est pas sans peine. Dès que vous commencez à avoir une opinion, il ne faut pas que vous laissiez transparaître vos propos parce que ça peut paraître dans les mots que vous utilisez, dans les tournures de phrases que vous allez rédiger, donc c’est de tendre vers l’objectivité même si l’objectivité est un peu utopique.
Au départ, les trois outils principaux du journaliste sont le stylo, le calepin et le magnétophone. Que pensez-vous de l’utilisation du magnétophone en entrevue ?
C’est un outil primordial, si l’on veut bien rendre la nouvelle. La personne interviewée a tout intérêt à vouloir se faire enregistrer parce qu’elle a plus de chance que ses propos soient relatés de façon juste, correcte et le plus précisément possible. Toutes mes entrevues à la radio sont enregistrées. Ce n’est pas une option, car il faut que je coupe des séquences pour que je puisse les mettre dans mes reportages. J’en ai pris l’habitude.
Cependant, quelques personnes restent figées en voyant le bouton rouge d’enregistrement. Encore une fois, c’est le temps de les mettre à l’aise et de leur dire que de toute façon : c’est seulement pour notre propre écoute. Du point de vue du droit, cela te protège. En pensant à l’émission Enquête à Radio Canada, vous savez que tout est enregistré, tout est documenté, donc si la personne vous contredit en stipulant que ces propos rapportés sont mensongers, vous êtes couvert.
Si la réaction de l’interviewé est négative face à l’enregistrement, que nous conseillez-vous de faire ?
D’utiliser le bon vieux calepin et le stylo. En ce qui me concerne, personne ne m’a encore dit : « je refuse que tu m’enregistres ». Et cela, parce que je n’ai pas encore traité de sujets assez chauds. En effet, il m’arrive de ne pas enregistrer et le travail se fait presque aussi bien avec un crayon et un calepin ou l’ordinateur. Selon moi, vous relatez avec moins de précision les propos recueillis qu’avec un magnétophone. Je le sais, la communication reste difficile. Souvent, lorsque vous questionnez une personne, elle a envie d’avoir un contact visuel, de se sentir écoutée. Tout ce qui risque d’entraver cet échange c’est l’utilisation du calepin. Car, l’attention n’est qu’à demi-portée sur l’interviewé. Pour ma part, je trouve que ça coupe un peu le lien. En fait, combiner le calepin/stylo et le magnétophone est un atout. Il faut être capable de jauger l’interviewé. Si la personne interviewée est mal à l’aise et n’a jamais fait d’entrevue de sa vie, elle n’aura peut-être pas envie que vous l’enregistriez, elle va préférer que vous preniez des notes. Alors que quelqu’un qui en fait constamment reste indifférent quant à l’utilisation des outils choisis. Cela dépend à qui vous avez à faire.
Quels conseils donneriez-vous à de jeunes étudiants en journalisme comme moi pour exercer ce métier ?
Je dirais que vous êtes mieux d’attacher votre tuque. C’est un métier qui est en transition et qui n’a pas encore atteint sa nouvelle forme et c’est un peu difficile d’arriver dans ce brouhaha. Donc, vous devez maîtriser tous les outils à votre disposition. Les médias sociaux sont très importants. Vous devez être à l’aise autant avec Facebook, Twitter qu’avec différentes plates-formes de mise en ligne. C’est aussi, par exemple, de savoir photographier, de modifier des photos et à la limite dans certains médias de savoir produire une vidéo. L’énergie et la créativité sont deux mots à ajouter à la liste des qualités d’un bon journaliste. On est vraiment multitâches. C’est hallucinant.
C’est un milieu restreint et ce n’est pas un mythe, il faut que vous fassiez votre place. Il y a beaucoup de licenciements et des compressions dans beaucoup d’entreprises. En somme, il faut que vous ayez du culot.