L’idylle commence en 2012, lors d’une participation de l’actrice Julie Gayet à un clip pour le candidat à la présidentielle François Hollande. Au printemps 2013, les premières rumeurs sur leur liaison déferlent sur Internet. Dès janvier 2014, le magazine Closer révèle leur liaison, photos à l’appui. Au Québec et en France, la protection de la vie privée et de la dignité ont-elles été respectées ?
Par Jean-Louis Aubut
À l’aube du XXIe siècle, écrit Frédéric de Monicault de la revue Historia, les révélations sur la vie privée des dirigeants sont d’autant plus à même de les fragiliser que l’essor d’Internet propage à la vitesse de l’éclair la moindre bribe d’information.
« Autour du jour de l’an, le chef de l’État, casque sur la tête, rejoint à scooter la comédienne dans son pied-à-terre où le président a pris l’habitude de passer la nuit, écrit le magazine Closer. Des photos étonnantes qui posent aussi la question de la sécurité du président. Le chef de l’État est accompagné d’un seul garde du corps qui protège le secret de ces rencontres avec la comédienne et apporte même les croissants. » Officiellement, le chef de l’État a pour compagne la journaliste Valérie Trierweiler, après avoir longtemps vécu avec l’ancienne candidate à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, avec qui il a eu quatre enfants.
Que dit la loi française
Au titre de la loi du 17 juillet 1970 qui institue un nouvel article 9 du Code civil : « Chacun a droit au respect de sa vie privée. »
Pas étonnant donc que le président François Hollande ne tarde pas à réagir dans une déclaration de L’AFP. « S’exprimant en son propre nom et non pas en tant que président de la République, il déplore profondément les atteintes au respect de la vie privée auquel il a droit comme tout citoyen, en ajoutant qu’il examine les suites, y compris judiciaires, à apporter à cette parution de Closer ».
Le juge peut prescrire toute mesure telle que séquestre ou saisie pour faire cesser une atteinte à la vie privée.
L’article 226 du Code pénal fait une infraction de « l’atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui lors d’une captation, d’un enregistrement ou d’une transmission au public sans le consentement de l’auteur de paroles ou d’images privées ou confidentielles ».
Quid du Québec
Selon l’article 18 du guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec, « les journalistes et les médias d’information respectent le droit fondamental de toute personne à sa vie privée et à sa dignité ». Ils « peuvent privilégier le droit du public à l’information lorsque des éléments de la vie privée ou portant atteinte à la dignité d’une personne sont d’intérêt public. »
Dans ce contexte, le droit du public à l’information doit être privilégié, car il s’agit d’un président qui ne respecte pas les mesures de sécurité dues à sa fonction. Son infidélité s’ajoute à l’intérêt du public de tout savoir. « L’histoire se répète, écrit James Peinard, malgré les « moi président, la morale, la morale… » et l’on sait d’expérience que les présidents qui gouvernent par la queue finissent toujours par se faire piéger. Celui-là n’aura pas fait exception, il aura même gagné le record de vitesse dans la prise de la main dans le sac. […] Heureusement, c’est un appareil photo de paparazzi qui a alerté notre pays, et pas le canon d’un fusil tenu par un de ces nombreux cinglés […] »
« Alors que la plupart des presses des autres démocraties s’expriment fortement dans le débat sur la vie privée, la presse française semble subir un encadrement croissant de la loi et des juges. » (Henri Pigeat, chef d’entreprises de presse, journaliste et universitaire français).