Un fort tremblement de terre secoue le cœur de la population marocaine

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Par Déborah St-Victor

Il y a beaucoup de tristesse, de cris et de deuil, mais c’est par la prière que le Maroc pleure ses victimes du séisme ressenti dans la nuit du 8 au 9 septembre vers 23 h (heure locale), au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech.

Au moment de publier cet article, plus de 2000 morts ont été signalés, selon les autorités marocaines.

Abderrahim Raki et d’autres habitants de Casablanca, alarmés,
ont fui leurs maisons et ont campé la nuit dans les rues.
Crédit photo : Abderrahim Raki

Le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique indique que le tremblement de terre a atteint une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter. L’épicentre du séisme se trouve à une profondeur de 18,5 km, dans le village d’Ighil, dans la province d’Al Haouz, à environ 70 km au sud de Marrakech.

« J’ai été réveillé par les secousses », raconte Abdessalam Hadioui, un jeune marocain vivant dans le cœur battant de Marrakech, qui dormait profondément quand la terre a commencé à trembler.

« Je suis sain et sauf, mais encore sous le choc. » – Abdessalam Hadioui

Il se dit soulagé maintenant que l’adrénaline est retombée et se considère chanceux d’être toujours en vie et de ne pas compter parmi les sinistrés qui ont perdu leur maison.

« C’était un bruit impressionnant », décrit Marie-Noël Pasteur, une Française qui est propriétaire d’une maison d’hôtes sur la route de l’Ourika, à Marrakech. « J’ai d’abord cru que c’était une chaudière tombée qui faisait ce gros bruit et que la maison allait exploser. Puis, je pensais peut-être qu’un train passait », mentionne-t-elle pour décrire l’intensité du bruit alors qu’elle dînait, tard vendredi soir, sur une terrasse privée d’un restaurant à la Palmeraie de Marrakech.

Ayant déjà vécu les secousses d’un tremblement de terre lorsqu’il était petit, son mari, qui était avec elle, a vite reconnu les signes précurseurs du séisme.  « Nous nous sommes alors éloignés rapidement de l’édifice et nous sommes restés sur la route. Tout le monde était dehors, en grande panique », ajoute Mme Pasteur.

Même si l’épicentre se trouvait dans le village d’Ighil, il a aussi été ressenti dans plusieurs villes comme Rabat, Meknès, Fès, Agadir, Taroudant et Casablanca. « Nous avons éprouvé une sensation que nous n’avions jamais ressentie auparavant », explique avec émotion Abderrahim Raki, qui vit à Casablanca à environ 233 km du centre du séisme, et qui était en visite chez un ami ce soir-là. « Il était 23 heures et 11 minutes quand le mur de la maison de mon ami s’est mis à trembler », précise-t-il.

« À une vitesse fulgurante, j’ai ressenti des vertiges dans ma tête et mon cœur battait très vite, comme s’il allait sortir de mon thorax. » – Abderrahim Raki

« Ensuite, nous avons commencé à entendre les cris des habitants effrayés », soupire M. Raki. « Tout le monde, pris de panique, sortait dans les rues en pleine nuit, courant partout pour s’enfuir vers des endroits dépourvus de bâtiments », poursuit-il.

Abderrahim Raki ainsi que de nombreux habitants de Casablanca, sous le choc et bouleversés, ont passé la majeure partie de la nuit à dormir par terre hors de chez eux, au cas où la ville serait secouée par de puissantes répliques.

Dommages dans la ville historique de Marrakech

Les autorités marocaines font état d’énormes dégâts dans certaines parties du quartier juif de la médina de Marrakech, un site historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. « De nombreux riads se sont effondrés dans l’ancienne médina et une partie d’une tour d’une mosquée sur la célèbre Jemaa el-Fna », confirme Marie-Noël Pasteur, qui vit à environ 11 km de la vieille ville fondée au Moyen-Âge. « Mais ce n’est pas le cas de la majorité des maisons comme on le montre dans les médias et sur les réseaux sociaux », indique-t-elle.

« C’est plus dans les zones reculées des montagnes du Haut Atlas que de nombreuses maisons sont en poudre, car c’est là que l’épicentre du séisme était relativement profond », précise Mme Pasteur. À son retour à la maison, elle s’estime chanceuse de n’avoir constaté que des bibelots cassés au sol et des fissures superficielles sur les murs de sa villa.

Un retour à la vie normale

Toujours selon Mme Pasteur, la vie semble reprendre son cours à Marrakech, un peu plus de 48 heures après le tremblement de terre. « À partir de ce soir (dimanche), tous les endroits branchés comme les restaurants seront rouverts. Sauf qu’il n’y aura pas de musique, par respect pour ce qui se passe dans les montagnes », précise-t-elle.

En guise de solidarité et soutien au peuple marocain, « le roi Mohammed VI a décrété un deuil national de trois jours », précise Abderahim Raki, encore ébranlé par cette nuit étrange. Il prie sans cesse depuis vendredi pour un rétablissement rapide des blessés.

Le Maroc, plus précisément la ville d’Agadir, avait été secoué par un violent tremblement de terre en 1960. Celui-là même qu’avait ressenti le mari de Mme Pasteur lorsqu’il était un enfant. Près de 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, avaient alors péri.

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