En 2016, les travailleurs québécois revendiquent une hausse du salaire minimum à 15$ l’heure pour de meilleures conditions de vie. Les effets de cette requête sur l’ensemble de la société québécoise sont stridents.
Par Jean-Louis Aubut
Les effets du salaire minimum (SM) sur les travailleurs pauvres
« Aider les travailleurs pauvres c’est aussi aider la qualité de vie de l’ensemble de la population, dit le journaliste Patrice Roy dans le téléjournal du 18 octobre 2016. Un peu plus de 200 000 travailleurs québécois gagnent le salaire minimum (SM) soit 10,75 l’heure. Alors, comment vivre avec un tel salaire ? »
Dresser un budget domestique pour une personne vivant seule est méticuleux et laborieux. Une simple erreur et l’irréparable est accompli. C’est pourquoi l’employé, dans un premier temps, se loge le plus près possible de son lieu de travail. La plupart de ces gens vivent dans des logements exigus et souvent dans des chambres leur coûtant environ 300$ par mois. En procédant ainsi, cette personne réduit ou élimine ses frais de transport. Par cette économie, pourraient-ils se payer une assurance habitation ?
Non. Il est bien entendu que cette assurance est généralement exclue de leur budget, car ils préfèrent ajouter cette épargne à la somme allouée au budget de nourriture pour se payer un plus gros panier alimentaire. Pour cela, ils doivent scruter à la loupe tous les prix réduits dans les circulaires hebdomadaires. Souvent, le manque d’argent les force à se rabattre sur les banques alimentaires. Pour les travailleurs pauvres vivant seuls, leur vie tient en trois mots : travail, logement et nourriture.
Quant à une famille monoparentale composée d’une adulte et d’un ou deux enfants, ce n’est guère plus rose. Leurs conditions sont presque les mêmes que la personne vivant seule, à l’exception des allocations mensuelles familiales versées par les deux gouvernements. En moyenne pour un enfant, provincial : 270$. Fédéral : 490$. Pour ces deux classes sociales, leur environnement est triste et malsain mentalement. Cependant, ils gardent leur courage. C’est une lutte incessante pour essayer de vivre normalement. « On voit les conséquences du travail à 10.75$ l’heure qui est le nouveau (SM) », mentionne Isabelle Thibeault de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF).
Les travailleurs pauvres devraient recevoir dans les plus brefs délais un (SM) de 15$ l’heure. Est-ce que ces mêmes travailleurs sont suffisamment scolarisés pour réclamer un salaire horaire décent ? Non pas tout à fait, car le décrochage scolaire associé à différentes autres causes en est la preuve.
Le décrochage scolaire
Quelles sont les causes du décrochage scolaire avant l’obtention du diplôme d’études de 5e secondaire ? La pauvreté est une des premières causes du décrochage scolaire. Il faut ajouter d’autres facteurs que l’on ne peut ignorer. Les traumatismes émotionnels de l’enfance et de l’adolescence, comme la perte de sa mère ou de son père, peuvent perturber l’étudiant pendant plusieurs années. L’instabilité des liens familiaux fait aussi partie de ces troubles. À cela, s’ajoutent notamment la délinquance et la toxicomanie. La dépression et le suicide closent cette sombre liste sur laquelle tous les médecins, professeurs et intervenants s’entendent sur ce fléau qu’est le décrochage scolaire.
Les effets de la hausse du salaire minimum (SM) à 15$ l’heure sur le décrochage scolaire
Sur un total de 425 000 élèves du secondaire, 11,9% de filles et 18,8% de garçons n’obtiennent pas leur diplôme au secondaire. Pourquoi ? Pour tous les maux mentionnés plus haut. Cependant, il y a un danger plus ou moins prévisible comme le mentionne l’économiste Pierre Fortin : « En offrant des salaires plus élevés à des jeunes du secondaire qui travaillent, on accroît le risque qu’ils abandonnent l’école. » C’est un risque, et ce n’est pas un effet majeur sur le décrochage scolaire. Dans ce contexte, cette idée reste hypothétique.
Le 5e secondaire est le diplôme requis dans toutes les entreprises. On ne bâtit pas une maison sur du sable ; on la bâtit sur du roc dit le proverbe. Voilà pourquoi les cinq années d’études au secondaire doivent être faites.
Les cégépiens et universitaires décrochent en général par un manque flagrant d’un revenu viable. Voilà pourquoi ces étudiants devraient être payés à 15$ l’heure. Ces étudiants pourraient même travailler un peu moins d’heures pour consacrer plus de temps à leurs études tout en ayant amélioré leur niveau de vie. Mis à part les étudiants, qu’en est-il des autres travailleurs qui œuvrent au (SM) ?
Effets domino sur la masse salariale
Au Québec, 210 000 travailleurs œuvrent au (SM) 10,75$ l’heure. Le taux de 735 000 autres vacille entre 10,75 et 15$ ; ce sont ces travailleurs qui touchent un bas salaire avec en moyenne 13$. D’autres employés gagnent entre 15$ et 18$ en région éloignée comme à Sept-Îles ou à Saguenay.
Pour les travailleurs à 10,75 l’heure : « On est pour parce qu’on voit que le marché du travail est incapable de fournir un salaire horaire suffisant pour permettre aux gens de bien vivre, et à 15$ l’heure c’est à peu près ce que ça prendrait au Québec pour avoir un salaire horaire viable pour une personne à temps plein », stipule Philippe Hurteau de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
« Il n’y a rien de plus légitime de vouloir améliorer la condition des gens qui vivent dans la précarité, souligne Franck Hennau propriétaire de l’Intermarché Bayé sur Mont-Royal et de la fromagerie Bleue et persillée, mais je crois que c’est un leurre d’imaginer qu’il n’y aura pas d’effets domino. »
En augmentant les salariés les moins bien payés, l’effet domino se répercute donc sur ceux payés à 13$ et ceux rémunérés entre 15$ et 18$. Voyant que le salaire des moins payés augmente, eux aussi veulent profiter d’une hausse équivalente ou plus généreuse. Et ce serait cette proportion de travailleurs qui serait touchée advenant une hausse à 15$ l’heure. Pourquoi ? C’est une simple question d’équité envers les autres salariés. Par exemple, si un employeur augmente son second cuisinier de 16 à 18$, il doit aussi faire preuve d’équité envers son 1er cuisinier et le majorer de 20 à 22$. L’effet domino s’accentue sur les petites et moyennes entreprises (PME).
Les impacts économiques du (SM) sur les PME
« Au fond le (SM), c’est une fausse idée, c’est une fausse bonne idée. Plutôt que d’aider vraiment ces salariés, on risque de leur nuire davantage avec cette mesure-là. Il y aura des impacts néfastes sur les travailleurs et les entreprises, mais ces effets se reporteront aussi sur l’ensemble de la société. », dit Jasmin Guenette, vice-président de l’Institut économique de Montréal (IEDM).
Un des impacts négatifs que doivent subir les (PME) est le coût faramineux sur les cartes de débit et de crédit que les banques imposent aux commerçants. Ces établissements multimilliardaires cachent leur magot dans les paradis fiscaux. Réduire leurs frais de moitié serait bénéfique pour les commerçants.
Puis en bons samaritains, rediriger ces frais et les transférer vers un fonds spécial qu’ils pourraient, peut-être gérer sous la gouvernance d’une firme comptable. Ce cabinet de comptables se ferait un devoir de redistribuer aux employés ces sommes récupérées pour aider les commerçants à garder leur entreprise et leurs employés. Cette solution semble utopique, mais elle pourrait fort bien se réaliser. En revanche, il y a aussi des effets bénéfiques comme le fameux pouvoir d’achat.
Qui dit augmentation de salaire, dit augmentation du pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat correspond à la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter. Le pouvoir d’achat dépend alors du niveau du revenu et du niveau des prix.
L’évolution du pouvoir d’achat correspond donc à la différence entre l’évolution des revenus des ménages et l’évolution des prix. Si la hausse des revenus est supérieure à celle des prix, le pouvoir d’achat augmente. Dans le cas contraire, il diminue. Qu’en est-il des impacts sur l’économie locale ?
Les impacts du (SM) sur l’économie locale
L’économie locale doit être encadrée pour qu’elle soit florissante et continuelle. C’est un travail de longue haleine pour ces (PME). « D’abord, une telle augmentation pourrait s’avérer dommageable pour l’économie et l’emploi, créant notamment une forte pression sur les coûts de main-d’œuvre dans les petites entreprises » dit Martine Hébert vice-présidente de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
En fait, la hausse du pouvoir d’achat contribuerait plutôt à une hausse d’emplois, ce qui serait non négligeable en région. Or, la (FCEI) n’est nul autre qu’un de ces lobbyistes qui n’ont que faire des gens pauvres. Ils se terrent dans leur tour d’ivoire à l’abri de leurs avoirs. Eurêka les gouvernements sont là !
Et qu’offre-t-il ? Presque rien : un meilleur remboursement de TPS, TVQ, de l’aide au logement, un plus grand remboursement d’impôt… La dynastie Trudeau dirige une fois de plus le Canada et investit dans les infrastructures au détriment de la hausse du (SM) à 15$. Quant au gouvernement libéral de Philippe Couillard, il entrouvre une toute petite porte pour de futures propositions, mais rien de concret pour le moment.
L’heure est venue de prendre soin des gens qui peinent à vivre. « En plus d’un salaire adéquat, l’ensemble des salariés devraient se dire : cette semaine, je peux aller au cinéma avec les enfants, faire du camping en famille cet été, enfin vivre et non pas seulement exister, comme le dit Philippe Hurteau de (IRIS). »