Par Francis Laurin
Avec Le plongeur, adaptation du roman éponyme de Stéphane Larue, le réalisateur Francis Leclerc nous livre son septième long-métrage, et pas des moindres. Le récit met en scène Stéphane, un jeune adulte de 19 ans (incarné par Henri Picard) aux passions diverses : heavy metal, dessin… et jeux d’argent. Incapable de se soustraire à l’emprise de la machine à sous, il se retrouve rapidement sans argent et décide, sur la recommandation de son cousin, de se trouver un emploi dans un restaurant, la Trattoria. Restaurant dans lequel il sera, vous l’aurez compris, plongeur.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le récit est réaliste. Que ce soit dans les actions, les dialogues ou les émotions des personnages, on se met facilement à leur place. Le personnage de Stéphane est complexe. Tantôt on le trouve sympathique, lorsqu’il nous parle de ses passions et noue des liens avec les autres employés de la Trattoria, tantôt on le trouve pathétique en le voyant sombrer dans ses travers et même tomber plus bas. Ce lien spectateur-personnage est aussi alimenté par le narrateur, qui n’est nul autre que Stéphane lui-même. Il nous décrit ses pensées, ses projets et surtout, la « poussée d’adrénaline » que lui procure une machine à sous. Les autres personnages sont aussi hauts en couleur, que ce soit Bébert pour son franc-parler ou Bonnie pour sa complicité avec Stéphane. Évidemment, une bonne écriture ne sert pas à grand-chose si l’interprétation n’est pas au rendez-vous, et elle est fortement à la hauteur. Mention spéciale à Henri Picard, qui tenait un premier rôle important dans sa carrière, et qui a su proposer un jeu à la fois convaincant et simple, tout ce que l’on attend dans un film qui se veut réaliste.
Le plongeur a beau proposer des acteurs et une écriture de qualité, le travail derrière la caméra est également à souligner. Dès la première scène, Francis Leclerc arrive à nous immerger dans l’environnement dans lequel Stéphane travaille chaque jour. D’abord, avec un plan-séquence entièrement filmé en plongée qui présente la cuisine, avant de passer à un montage rapide, avec des sons forts et stridents. Bref, tout pour nous faire ressentir la nervosité ambiante d’un tel milieu de travail. Le rythme du film peut paraître un peu effréné au début, et ce, même après cette scène d’introduction, il propose tout de même quelques moments plus calmes.
Alors, est-ce que ça vaut le coup d’aller voir un film sur un laveur de vaisselle? Oui, car il n’y a pas grand-chose à lui reprocher. Le film respecte bien l’œuvre d’origine et on peut presque regretter qu’il passe un peu sous les radars, mais bon, on a l’habitude quand il s’agit de films québécois.
Publié le 26 mars 2023