Le mythe de la femme noire : témoignages révoltants

Culture et société
Affiche du film

Par Sophie Bérubé

De nombreuses femmes noires dans la société sont encore victimes de stéréotypes en lien avec la couleur de leur peau. Ayana O’Shun, actrice et réalisatrice, n’y fait pas exception.

C’est de cette triste réalité qu’est né Le mythe de la femme noire, le premier long métrage documentaire d’Ayana O’Shun. Cette talentueuse Montréalaise d’origine haïtienne a précédemment réalisé des courts métrages et joué dans des films à succès tels que La chute de l’empire américain.

Le mythe de la femme noire, qui sera bientôt disponible sur Natyf TV après avoir tenu l’affiche pendant plusieurs semaines dans les cinémas québécois, présente des femmes victimes de mythes qui ont traversé les siècles : la Jézabel (l’hypersexualisée), la nounou et la femme noire en colère. Trois mythes y sont ainsi décortiqués.

Dans ce documentaire original, 21 femmes noires de tous horizons les décrivent à travers leur vécu. Elles fournissent des témoignages non censurés, parfois même avec une note d’humour. En réalisant ce documentaire, Ayana O’Shun tenait à ce que ces femmes ne soient pas vues comme des victimes. Elle souhaitait mettre en lumière des solutions.

Entre les témoignages s’enchaînent des œuvres d’art et des documents d’archives qui appuient habilement les propos des femmes.  Et comment décrire la trame musicale, composée majoritairement d’œuvres de l’artiste-compositrice et interprète Dominique Fils-Aimé, sans utiliser les qualificatifs les plus élogieux?

Image tirée de la bande-annonce

Les faits relatés lors des témoignages sont révoltants. L’auditoire en est averti. Les femmes sont d’un naturel désarmant au point où il est impensable de remettre en question la véracité de leurs propos. Qu’elles racontent des histoires de micro-agression ou de violence verbale, elles savent garder l’auditoire en haleine.

L’un des points forts du film est qu’il rend palpable l’étendue des stéréotypes. Ils peuvent être véhiculés par quiconque. Même par des psychologues. Les femmes s’expriment aussi habilement lorsqu’elles veulent faire comprendre que certaines personnes sont inconscientes qu’elles tiennent des propos dégradants et racistes (« Je te trouve très jolie pour une femme noire »).

Le film met à nu des stéréotypes qui suscitent la réflexion, quoique sans jamais révéler s’ils sont fréquents ou marginaux. Les solutions sont moins nombreuses que les témoignages, mais elles sont toutefois bien mises de l’avant.  On sent que les femmes ne se prennent pas pour des victimes. L’objectif de la réalisatrice est atteint.

C’est un long métrage qu’on regarde avec incrédulité et indignation. Un film qui aura sans doute l’effet d’une gifle chez ceux et celles qui auront pris conscience d’avoir renforcé ces préjugés. Que retient-on principalement? Que cette vision réductrice, voire archaïque, de la femme noire est malheureusement bien réelle, encore aujourd’hui, et qu’elle n’a pas sa place dans la société. Chaque femme noire est unique. Comme la couleur de sa peau.

Image tirée de la bande-annonce

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *