Les survivantes d’agressions sexuelles ont été affectées à plusieurs niveaux par le mouvement #MeToo, selon les intervenantes du centre le Mouvement Contre le Viol et l’Inceste (MCVI) à Montréal.

L’intervenante Vicky Zois estime que #MeToo est positif, mais elle craint un des effets secondaire du mouvement : les survivantes peuvent sentir une pression sociale ou citoyenne de parler quand elles ne sont pas prêtes ou ne le veulent pas. « Dévoiler ou non son agression est une question très personnelle qui appartient à la survivante », déclare-t-elle.
Vicky Zois déplore la réaction sociale par rapport à ce mouvement « comme si les agressions sexuelles c’est un phénomène récent et que les décideurs en pouvoir traitent cela comme une tendance. Dans le communautaire, nous travaillons toujours dans des conditions précaires malgré les demandes élevés pour nos services » ajoute-t-elle.
Elle mentionne que #MeToo a rompu l’isolement des victimes en les rassemblant. Leur expérience ayant été partagée par plusieurs et leurs voix ayant été entendues, un sentiment de validation est aussi remarqué.
Débordement de demandes
Suite à #MeToo, le centre Mouvement Contre le Viol et l’Inceste (MCVI) s’est joint à d’autres Centres d’Aide et de Lutte contre les Agressions à Caractère Sexuel (CALACS) dans des luttes communautaires pour garantir leur financement. « On veut montrer qu’il y a une urgence, qu’on doit répondre dans les plus courts délais aux victimes », explique Vicky. Contrairement aux plaintes de police qui ont vu une augmentation, le MCVI n’a pas vu de vagues de demandes de consultations. « On a toujours été débordées, déclare Vicky. C’est une problématique qui existe depuis longtemps ».
Prises de conscience
L’intervenante Jenie Dolan Cake a quant à elle vécu #MeToo comme une prise de conscience. Alors qu’elle travaillait comme intervenante en violence faites aux femmes, son attention était plus portée sur les coups et blessures que sur les agressions sexuelles. Elles étaient considérées comme tabous même en service social. Ce n’est qu’après #MeToo qu’elle a commencé à travailler au MCVI.
Jenie a aussi réalisé que les agressions sexuelles arrivaient à un très grand nombre de femmes. « Il faut rappeler aux survivantes et à nous-mêmes que toutes ces violences individuelles, que l’on pensait vivre chacune de notre côté, sont très systémiques », déclare-t-elle. Elle rappelle que les agressions sexuelles, telles que définies dans le code criminel canadien, n’incluent pas que des viols orchestrés par la violence ou le chantage, mais incluent aussi des actes comme des attouchements ou des frottements.
Thérapies et militantisme
Le MCVI offre des suivis individuels, des suivis en groupe ou des cafés rencontres. Il offre aussi un accompagnement dans les plaintes, les demandes d’asiles liées à l’abus sexuel ou encore la réinsertion des travailleuses du sexe.
Des activités de sensibilisations sont également organisées. Il peut s’agir d’ateliers, de formations, de manifestations, de publications, de colloques ou d’offre de documentation.
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