La rédaction inclusive, c’est quoi ?

Du côté des mots

Par Amélie Ratté

Rédaction épicène, rédaction non binaire, rédaction inclusive. Depuis 2017, ces termes ressortent sporadiquement dans les médias écrits québécois. Plusieurs chroniqueurs, chroniqueuses et linguistes croient que l’écriture inclusive complique, menace même, la langue française en y ajoutant toutes sortes de nouvelles règles.

Pourtant, c’est tout simple. Voici de quoi il retourne.

Un concept d’égalité 

L’Office québécois de la langue française (OQLF) résume ainsi la définition de la rédaction inclusive : « [elle] cherche à éviter toute discrimination dans les écrits. »

On en parle même depuis les années 1980, avec la féminisation des titres de profession et l’équilibre des genres dans les communications — par exemple, nous entendons toujours « Montréalaises et Montréalais » et « Québécoises et Québécois », non plus la forme masculine uniquement.

Mais le sujet a ressurgi dans les médias en 2017. En effet, quand la population a pris conscience de la réalité des personnes non binaires, il est devenu évident que la manière habituelle de nommer les gens, soit au masculin, soit au féminin, ne convenait plus. Ces personnes ne s’identifient pas à ces genres.

Une menace pour le français ?

Les manières de rédiger pour éviter toute discrimination sont nombreuses, et chaque personne choisit sa préférée. Parmi celles-ci, l’utilisation des tirets, des barres obliques, des crochets, des parenthèses, des majuscules, du point médian, du point tout court ou des doublets, entre autres, permet d’inclure tout le monde dans nos textes.

Le problème se trouve toutefois ailleurs. Selon les spécialistes qui se prononcent, ces possibilités sont perçues comme carrément inutiles ou encore dangereuses pour la langue française. Elles sont contestées et donc, peu connues et peu utilisées.

Le point médian, par exemple, donne du fil à retordre aux équipes de rédaction et les puristes s’en arrachent les cheveux. En effet, il convient mal à des mots dont les formes masculines et féminines diffèrent, comme « heureux » et « heureuse », mais mieux à des mots comme « étudiants » et « étudiantes ».

La lecture du mot « heureux·se » serait difficile et l’exercice de rédaction s’en trouverait alourdi. Pour « étudiant·e·s », la lecture semble plus fluide. Il convient donc d’adapter notre texte selon le contexte dans lequel nous le rédigeons, ainsi que le public auquel nous nous adressons.

Une source de nombreuses controverses

Plusieurs voient là une lourdeur inutile à ajouter à l’apprentissage déjà difficile de la langue française dans les écoles du Québec. D’autres y voient un changement nécessaire pour bonifier une langue déjà riche et vivante.

Quels mots choisir si l’objectif consiste à rédiger pour froisser le moins de gens possible — en d’autres termes, pour en inclure le plus possible ? Il faut simplement utiliser la manière de rédiger qui nous convient le mieux en fonction de la communauté à qui l’on s’adresse et la manière dont les gens souhaitent être nommés.

Après tout, l’écriture inclusive, c’est une question d’acceptation de l’autre, d’inclusion et de respect.

Les néologismes de l’écriture inclusive

Pour aller plus loin, la rédaction épicène et la rédaction non binaire font aussi partie du paysage de l’écriture inclusive.

Un mot épicène, c’est un mot qui s’écrit de la même manière au féminin ou au masculin, comme enfant, collègue, ou artiste. Par extension, la rédaction épicène, c’est donc de s’assurer que le féminin et le masculin occupent le même espace dans un texte.

Les personnes non binaires ne s’identifiant ni au genre féminin ni au genre masculin, la rédaction pourrait devenir délicate. Pour les nommer dans un texte, l’OQLF recommande l’utilisation de la formulation neutre, en remplaçant, par exemple, les doublets « les enseignants et enseignantes » par « le corps professoral », ou encore « Québécois et Québécoises » par « population du Québec ».

Par ailleurs, ces personnes ont développé des néologismes pour se désigner, comme iel, une contraction de il et de elle, ou celleux, pour celles et ceux. Non, ne criez pas au loup. Pour l’instant, et toujours selon l’OQLF, ces néologismes « restent spécifiques aux communautés de la diversité de genre ».

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