Par Vincent Paquette
Il n’y a pas qu’aux urgences où l’attente peut-être interminable dans notre système de santé. S’il faut parfois patienter des heures à l’hôpital, cette patience peut être mise à rude épreuve si l’on est atteint d’un trouble de santé mentale alors que l’attente peut durer des années avant d’être traité adéquatement.
Diagnostiquée d’une dépression en 2011, Laurence en sait quelque chose. Jeune auteure jeunesse et éditrice d’une toute nouvelle maison d’édition, les choses dégringolent à mesure que son entreprise bas de l’aile. S’amorce un parcours rempli d’embûches qui aura duré près de 6 ans à travers les différentes ressources de santé mentale.
«J’ai toujours eu des épisodes de dépression depuis le secondaire, mais ils n’ont jamais été traités. Parce que je suis résiliente, j’ai toujours cherché à m’en sortir moi-même. Un moment donné ça n’allait plus du tout et je suis allé voir mon médecin de famille. Il m’a prescrit des antidépresseurs, mais ils ne faisaient pas effet.»
Référée vers le guichet d’accès santé mentale, ce service doit lui permettre de voir un psychiatre. Son degré de priorité est déterminé prioritaire. Le délai d’attente dans de telles circonstances est de 9 mois. Durant ce temps, on lui dit qu’elle pourra avoir accès à un travailleur social, mais qu’elle devra attendre puisqu’il n’y en a aucun de disponible pour le moment. Une infirmière clinique fait donc un suivi de base avec elle pour savoir si elle mange, sort et s’habille.
« La dépression moi j’appelle ça le cancer de la motivation et de la volonté. Tu es assis dans ton divan pis tu te dis qu’il faut juste que tu te lèves pour faire à manger et bien que c’est pourtant super simple, tu as l’impression d’être la personne la plus paresseuse parce que tu n’y arrives pas.»
Elle parvient finalement à avoir accès à l’aide précieuse d’une travailleuse sociale qui effectue un suivi de 21 semaines avant sa rencontre avec le psychiatre. Un exercice qui s’avérera éprouvant, alors que le psychiatre lui pose rapidement des questions très intrusives qui la mettent mal à l’aise. Au bout d’une rencontre, il juge sa cote de dépression comme étant moyenne faible. Il lui demande d’arrêter toute médication.
Dans le prochain extrait audio, la travailleuse sociale Gabrielle Lecomte nous explique l’approche auprès d’une personne atteinte de dépression.
Durée : 26 secondes
« Le sevrage a été très difficile et après 3-4 rendez-vous avec lui je n’étais plus capable. Je suis allée au pavillon Albert-Prévost après quelques mois puis mon dossier est un peu tombé entre les branches. Depuis je fais un suivi avec mon médecin et je prends la plus faible dose de médication.»
À présent elle dit se sentir beaucoup mieux. Elle a un copain qui l’aide, elle est en mesure de travailler et de gagner sa vie. Cependant, la cicatrice est bien vive et la peur de retomber reste omniprésente. « Ç’a été très long, mais le système de santé m’a en quelque sorte sauvé ma vie. Si ce n’était pas de mon médecin de famille, je ne sais pas où je serais maintenant. »
Encore faut-il avoir accès à un médecin de famille.