Par Karla Meza
Les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite rencontrent beaucoup de barrières pour pouvoir s’épanouir et réaliser leurs objectifs. « L’inaccessibilité au transport collectif constitue un obstacle important pour notre pleine intégration et participation à la société », dit Mody Maka Barry, cofondateur et directeur général de l’organisme Handicap Action Intégration (HAI).
Mody Maka Barry a pour mission d’aider les personnes handicapées à découvrir leur force intérieure et leur plein potentiel, pour qu’elles puissent contribuer au développement économique, communautaire et social de la société québécoise. « Par le biais de l’intégration à l’emploi et l’engagement social, nous pouvons jouir d’une vie saine et accomplie, soutient-il. Quand tu peux sortir de chez toi comme tout le monde pour aller travailler, étudier, faire du bénévolat ou voir des gens, c’est motivant. L’accessibilité universelle au transport collectif devrait être au premier rang d’importance pour le gouvernement parce que ça rend les personnes autonomes. »
« L’indépendance, ça n’a pas de prix »
Actuellement, le service de transport adapté assure près de 9 000 déplacements par jour à Montréal. Cependant, ce n’est pas la solution pour toutes les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite qui veulent participer activement à la société et mener une vie indépendante. « Il n’y a aucune place à la spontanéité, déplore M. Barry. Il faut que tu planifies tes déplacements et que tu appelles le service de transport adapté 24 heures à l’avance, mais ce n’est pas toujours possible. »
L’utilisation du service d’autobus régulier l’hiver représente aussi un enjeu pour les personnes à fauteuil roulant. « Parfois on est mal pris dans la neige, souligne-t-il. D’autres fois on attend longtemps l’autobus et la rampe ne fonctionne pas, donc il faut attendre le prochain. C’est très difficile de rester là à attendre dans le froid. Rendre le métro accessible à tous ferait tout un changement dans nos vies. L’indépendance d’une personne, ça n’a pas de prix. »
Durée : 1:30 min
Impact sur la qualité de vie
Pour Marie Turcotte, directrice générale de l’organisme Ex Aequo et ancienne représentante des usagers de transport adapté au conseil d’administration de la Société de transport de Montréal, la mise en accessibilité du réseau régulier a un impact important sur la vie des personnes en situation de handicap. « Ça brise l’isolement et ça prévient aussi des maladies d’ordre physique parce qu’on est actifs, donc on entretient une certaine capacité musculaire », souligne-t-elle.
En 2015 le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ) a déposé un recours collectif de 1 milliard de dollars contre la Société de transport de Montréal (STM), l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARMT) et la Ville de Montréal, pour les forcer à faire un investissement majeur en vue de l’accessibilité au transport collectif pour les personnes ayant des limitations fonctionnelles. « Ne pas avoir d’autonomie, ça joue énormément sur la santé mentale, affirme le président du regroupement et spécialiste en informatique Laurent Morissette. De plus, il y a des personnes handicapées qui perdent leur emploi parce qu’elles arrivent trop souvent en retard à cause du transport adapté. »
50 % du métro accessible en 2022
Dans son programme d’accessibilité universelle, la STM prévoit un investissement de 213 $M pour financer l’ajout d’ascenseurs dans près de 20 stations de métro supplémentaires d’ici 2022. Plusieurs phases sont prévues par la suite pour rendre accessibles les 68 stations du réseau d’ici 2038. Cela représentera un investissement de plus de 800 $M, selon André Porlier, gestionnaire corporatif en développement durable et accessibilité universelle à la STM.
Pour en savoir plus :
Organisme Handicap Action Intégration (HAI)
Regroupement d’activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ)