« Brouillard cérébral » et Covid longue

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Par Déborah St-Victor

Près de 15 % des adultes canadiens infectés par la COVID-19 éprouvent des symptômes à long terme, selon les dernières données publiées par Statistique Canada. On parle alors de COVID longue quand il y a des symptômes physiques ou psychologiques plus de 3 mois après l’infection.

Image : Adobe Stock

On a signalé plus de 100 symptômes chez les adultes, résume Santé Canada sur sa page Web consacrée au syndrome de la COVID longue. Au nombre des symptômes les plus souvent observés est le brouillard cérébral ou mental.

« Sensation de fatigue, difficulté à réfléchir ou à se concentrer, état mental confus ou désorienté, troubles de mémoire » sont parmi les conséquences de la COVID-19 longue énumérées par Santé Canada. Ces symptômes sont souvent décrits par de nombreuses personnes qui disent éprouver une sensation de « brouillard mental ».

Les données d’une enquête canadienne sur la santé et les anticorps contre la COVID-19 (depuis le début de la pandémie jusqu’au 31 août 2022) révèlent que parmi les adultes ayant éprouvé des symptômes après la phase aiguë de la COVID-19 qui avaient un emploi ou qui fréquentaient l’école, environ les trois quarts (74,1 %) ont manqué le travail ou l’école en raison de difficultés de concentration. En moyenne, ils ont dû s’absenter 20 jours.

« Le syndrome post-COVID-19 affecte les adultes et les enfants différemment », précise la docteure Marie-Joëlle Doré-Bergeron, pédiatre au CHU Sainte-Justine qui traite les enfants et les adolescents affectés par la COVID longue. « Plusieurs jeunes éprouvant des symptômes de COVID-19 à long terme se sentent épuisés après une sortie, ont des problèmes de sommeil, de mémoire et de concentration qui les limitent souvent dans leurs activités quotidiennes, minent leur énergie et leurs résultats scolaires », constate la Dre Doré-Bergeron. « Une de mes patientes atteintes de la COVID longue s’est sentie totalement épuisée au point de manquer l’école pendant 8 à 10 mois », témoigne-t-elle.

« Ces symptômes persistants sont bien réels, mais restent peu compris tant au Québec qu’ailleurs dans le monde », reconnaît la pédiatre. Selon Statistique Canada, il n’existe à l’heure actuelle aucune approche universellement reconnue pour diagnostiquer et traiter le syndrome post-COVID-19. La majorité des effets indésirables s’atténuent avec le temps en mettant en place plusieurs stratégies de gestion de la fatigue et du stress afin de tirer profit de son énergie tout au long de la journée et de la semaine.

« Ce serait mentir que de dire aux familles que j’ai des recettes miracles dans ma poche ! Quand on parle de réadaptation, c’est du long terme, ce n’est pas quelque chose qui va se régler en 2 semaines », a confié la pédiatre dans un article de La Presse portant sur la COVID-19 longue. « Il faut surtout rester actif mentalement et physiquement tout en respectant ses limites. Garder un équilibre entre l’intensité et la quantité des activités  pour conserver son énergie », conseille la Dre Doré-Bergeron.

Des cliniques au Québec

Le gouvernement du Canada essaie de comprendre davantage les répercussions à long terme de la COVID-19 sur la santé et d’y remédier. Il déploie une quinzaine de cliniques spécialisées sur l’ensemble du territoire pour prendre en charge les Québécois et Québécoises éprouvant des symptômes post-infectieux causés par la COVID longue. Ces 5 centres de référence et ces 10 cliniques satellites permettent de mieux traiter les personnes touchées afin qu’elles aient une meilleure qualité de vie. « Si vous pensez être atteint du syndrome post-COVID-19, parlez à un professionnel de la santé. Il peut vous aider à obtenir le soutien dont vous avez besoin pour gérer vos symptômes  comme le « brouillard mental », conclut la Dre Doré-Bergeron.

Faits saillants 
• Le CHUM, en plus de jouer le rôle de coordonnateur du réseau de cliniques pour le développement des connaissances, sera également un centre de référence. Les 4 autres centres de référence sont le CUSM, le CIUSSS Estrie-CHUS, le CHU de Québec — Université Laval et le CIUSSS Centre-Ouest-de-l’île-de-Montréal (Hôpital général juif).
• Les cliniques satellites seront situées au CHU Sainte-Justine, au CISSS du Bas-Saint-Laurent, au CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean, au CIUSSS de la Mauricie-et-Centre-du-Québec, au CISSS de l’Outaouais, au CISSS de Chaudière-Appalaches, au CISSS de Lanaudière, au CISSS de la Montérégie-Ouest ainsi qu’à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. L’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), une des premières cliniques consacrées à la COVID longue, se joindra aussi au réseau.

Conseils généraux pouvant atténuer le « brouillard cérébral »
1. Faites une bonne gestion de votre énergie et de votre stress  ;
2. Veillez à la qualité de votre sommeil ;
3. Observez les fluctuations de vos humeurs et permettez-vous des temps d’arrêt au besoin ;
4. Évitez les drogues et l’alcool ;
5. Rappelez-vous qu’il est aussi normal d’avoir parfois des oublis ou des inattentions ;
6. Acceptez le fait que chaque personne se rétablit à son propre rythme.

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