Comment le journal LE MONDE verse dans le subjectif

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Dans un article censé rétablir la vérité sur une affaire de viol d’une adolescente germano-russe en Allemagne, un journaliste du journal Le Monde relate les faits avec précision pour démontrer qu’il n’y a jamais eu de séquestration de la part des réfugiés, encore moins de viol collectif. Il cite convenablement les sources : la police allemande. Pourtant…

vintage-tv-1116587_1920Par Souad Belkacem

L’auteur de l’article prend le soin de ne pas citer le nom complet de la jeune fille. Respectant les principes déontologiques, il mentionne son prénom précédé de l’initiale du nom de famille. Aussi, il reprend des passages d’autres articles sans omettre de mentionner la provenance de l’article. Il fait sa propre synthèse à partir des faits récoltés des autres journaux et médias, sans pour autant faire un commentaire personnel.

«Le fait que les autorités allemandes étouffent l’affaire selon certains Allemands est une information incomplète».

Cependant, le journaliste ne développe pas des références relatives à des faits. Le fait que les autorités allemandes étouffent l’affaire selon certains Allemands est une information incomplète. Il aurait fallu qu’il développe davantage cette donne, car cette dernière a une dimension très importante dans ce cas de figure. Il ne cite pas non plus les sources liées à cette information. De plus, le lecteur n’est pas censé tout savoir à propos des agressions de Cologne. Il n’est pas obligé d’aller chercher des compléments d’information pour comprendre l’article qui lui a été donné de lire. Un rappel sur les agressions à Cologne aurait mis au parfum notre lecteur.

«Le journaliste a survolé cette information sans citer aucune source»

Idem pour l’information liée à ce contexte d’instrumentalisation de la part de l’extrême droite allemande qui a tout manigancé pour salir l’image des réfugiés. Le journaliste a survolé cette information sans citer aucune source. Qui a déclaré qu’il s’agit bien d’une instrumentalisation interne? Du moins, le journaliste aurait pu s’informer auprès des autres médias (en les citant bien entendu), faute d’une enquête ou d’une recherche personnelle. De plus, en lisant le passage : « Ce contexte est instrumentalisé par l’extrême droite allemande », nous sentons une prédominance de jugement personnel. Or, ici, nous sommes dans le factuel et non dans l’opinion. Le journaliste n’a pas le droit de divulguer une information aussi importante sans s’appuyer sur des sources officielles ou du moins sur des articles fondés traitant cette information.

Si le journaliste a respecté les principes déontologiques de prime abord en citant convenablement les sources et les médias sur lesquels il s’est appuyé, il a toutefois négligé le développement de certaines informations primordiales dans la fluidité du texte journalistique et est tombé dans cette subjectivité traduite par un jugement personnel flagrant. Ce qu’il lui a valu quelques déviances déontologiques.

 

Retrouvez l’article en question ici

 

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